Les Châteliers, c’est un village de 450 habitants, abritant le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de Gâtine poitevine et un jardin des sens. Ce jardin est à la fois un outil pédagogique pour la structure et un espace public permanent au cœur du village, ouvert à toutes et tous.

C’est la première fois que le village accueille La Grande Lessive !

L’initiative est portée par la direction départementale des services de l’éducation nationale des Deux-Sèvres avec le CPIE. Il y avait l’envie de faire se rencontrer 18 enfants d’une classe de grande section de maternelle de l’école Jule- Ferry de Niort en quartier politique de la ville, séjournant pour deux jours et une nuit aux Châteliers avec les habitants du village.

Les enfants ont commencé à réfléchir aux lumières et ont réalisé leurs premiers essais plastiques avec leur enseignante lors de ma venue dans la classe. Deux rencontres ont favorisé des discussions sur ce que chacune et chacun pensaient du sujet « Nuit et jour, réfléchir les lumières ! ». Les dessins et peintures des lumières évoquées ont été source d’observations, de questionnements, et de nouvelles inspirations. Les enfants parlent des lumières la nuit dans la chambre pour ne pas avoir peur : elles sont roses, bleues, arc-en-ciel. Certaines ont des formes précises et nommées : la veilleuse, la lampe torche, les licornes lumineuses. Lors de la seconde séance, beaucoup d’enfants changent de format, d’outils et de médiums. Ils sont plus nombreux à tenter de représenter la nuit. Pendant la discussion, il est difficile pour eux d’imaginer la nuit sans les lumières de la ville. Ils semblent ne pas avoir l’expérience de la nuit dehors sans les lumières de la maison ; même s’ils évoquent la lune qui éclaire la nuit comme les étoiles.

L’idée de proposer l’événement de LGL lors de la veillée nocturne me semble idéale. Je souhaite offrir à ces jeunes enfants la possibilité de vivre une expérience artistique unique à la tombée de la nuit, éloignés de leur milieu urbain quotidien, aux côtés des habitants d’un petit village de la Gâtine bocagère.

Des flyers sont distribués dans les boîtes aux lettres du village et des affiches sont installées à la mairie et au CPIE pour inviter le plus grand nombre à participer à l’événement.

À 18 h, je retrouve les enfants au jardin des sens, après leur première journée passée aux Châteliers. Nous discutons ensemble à partir de leurs réalisations plastiques du 7 octobre dernier. Nous questionnons leurs essais de représentation du jour et de la nuit. Nous observons aussi le soleil qui descend derrière les arbres. C’est la fin de la journée.

À 19h, pendant que les enfants sont partis dîner, j’accueille les habitants dans le jardin des sens. Je leur présente l’invitation de LGL, le dispositif d’accrochage, le matériel à disposition. Toutes et tous se prêtent au jeu alors que le soleil se couche peu à peu. J’allume les bougies installées sur le muret du cadran solaire et dans les pommiers autour de nous tandis que les premiers dessins s’accrochent.

À 19h50, les enfants de la classe arrivent dans le jardin tels des lutins avec leur lumière à la main. C’est le début de la nuit, les bougies scintillent, les premiers dessins apparaissent dans l’éclairage des lampes torches. En connivence avec les habitants, les enfants dessinent et racontent leurs lumières : Kayron parle de météorite, Abdou trace un grand soleil au Posca, Achille explore le papier calque, Inès, Zahra, Aïssa expérimentent le collage … Chacun, chacune choisira avec une grande attention l’emplacement pour accrocher sa réalisation terminée sur le fil.

À 20h30, nous sommes toutes et tous rassemblés dans le cercle du cadran solaire, nous éteignons nos lampes torches et levons la tête vers le ciel étoilé : moment suspendu, magie d’une nuit claire et scintillante juste avant d’aller dormir !

Crystèle Ferjou, conseillère pédagogique arts plastiques

Depuis une vingtaine d’années, Alexandre Giraud travaille dans différents domaines : architecture, culture, publicité, évènementiel, corporate, etc.